Le Dr Trevor Shepherd, spécialiste de l’oncologie translationnelle résidant à London, en Ontario, a consacré sa carrière à la recherche sur le cancer de l’ovaire. Il travaille actuellement au développement de modèles tridimensionnels de cellules cancéreuses à partir de tissus donnés par des femmes atteintes du cancer de l’ovaire. En termes techniques, ces modèles sont qualifiés d’organoïdes dérivés du patient, soit des copies miniatures de tumeurs cultivées en laboratoire. Ces modèles sont de précieux alliés pour la recherche puisqu’ils conservent les caractéristiques de tumeurs véritables et répondent de la même façon que ces dernières aux changements apportés à leur environnement.
Tant au Canada qu’à l’échelle mondiale, les chercheurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers ces modèles novateurs. En collaboration avec la Dre Nikolina Radulovich de la biobanque Princess Margaret de Toronto, le Dr Shepherd développe actuellement une collection d’organoïdes dans le but de faire progresser la recherche sur le cancer de l’ovaire.
« Depuis déjà bien plus d’une décennie, j’œuvre au développement d’un système expérimental qui permettrait de tester en laboratoire de nouveaux traitements pour le cancer de l’ovaire, explique le Dr Shepherd. À l’heure actuelle, nous tentons d’acheminer ces modèles tridimensionnels à l’échelle du pays afin d’accélérer la recherche. »
En somme, ce système permettrait aux scientifiques de tester davantage de thérapies et de traitements novateurs de façons encore inédites. « Nous disposerons d’une plateforme expérimentale pour mettre de nouveaux traitements à l’essai en temps réel, et ce à grande échelle, afin de tester plusieurs médicaments différents, selon diverses concentrations, voire diverses combinaisons. »
L’objectif du Dr Shepherd et Dre Radulovich est de produire 25 modèles qui présentent chacun des caractéristiques distinctes – par exemple un stade ou un sous-type de cancer différent – afin d’aider les scientifiques canadiens à étudier la biologie du cancer de l’ovaire et la réaction des différents types de tumeurs à des traitements variés. Malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19, le projet est en voie d’atteindre sa cible.
Dans le monde de la recherche, les modèles tridimensionnels comme ceux du Dr Sheperd représentent une percée importante, puisqu’ils procurent des échantillons de laboratoire qui agissent en tous points comme les tumeurs des femmes atteintes du cancer de l’ovaire. Autrement, les chercheurs doivent utiliser ce qu’on appelle des lignées cellulaires, une solution toutefois limitée comme le souligne le Dr Shepherd : « Les lignées cellulaires font appel à des cellules qui peuvent avoir été prélevées et cultivées il y a de cela 10, 15, voire 20 ans, et risquent donc d’avoir subi des modifications biologiques. »
En plus de ses avantages notables pour la recherche, cette nouvelle approche a également le potentiel de soutenir l’élaboration de stratégies de traitement personnalisées. « Ces modèles pourraient notamment être utilisés pour tester les effets de différentes options thérapeutiques sur des tissus prélevés directement de la patiente, poursuit le Dr Shepherd. Si un traitement de maintien est requis ou en cas de récidive, par exemple, notre stratégie serait déjà planifiée puisque l’analyse a été réalisée à partir de cellules tirées de la tumeur de la patiente en question. »
L’impact des modèles produits par ce projet pourrait se faire sentir dans un avenir rapproché. « Nous croyons pouvoir appliquer ces modèles rapidement, d’ici un ou deux ans. Les résultats de notre projet seront transmis à l’ensemble de la communauté de la recherche sur le cancer de l’ovaire, pour que nous puissions tous travailler de concert au développement de nouveaux traitements pour les femmes atteintes de la maladie. »
Le développement de modèles de recherche novateurs comme celui-ci fait partie intégrante de l’initiative OvCAN de Cancer de l’ovaire Canada, qui finance le projet des Drs Shepherd et Radulovich ainsi que plusieurs autres.
L’initiative de recherche OvCAN de Cancer de l’ovaire Canada est le fruit d’efforts de revendication qui ont mené à un investissement historique de 10 millions de dollars du gouvernement du Canada pour financer la recherche sur le cancer de l’ovaire. Ce financement sur cinq ans a depuis été bonifié par les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et de la Saskatchewan, qui se sont engagés à offrir respectivement un million de dollars supplémentaire, ainsi que par le secteur privé, dont la participation s’élève à deux millions de dollars.
Les opinions exprimées dans le présent article ne reflètent pas nécessairement la position officielle de Santé Canada.