Écrit par Tiffany Morin, membre de la nation métis de l’Alberta
Juin est le Mois de l’histoire autochtone, un moment pour célébrer nos histoires, notre force et nos voix. En tant que femme métis et crie du territoire du Traité no 6, je profite de ce mois pour réfléchir à la façon dont mon identité autochtone influence tous les aspects de mon parcours de cancer de l’ovaire – de ma guérison à la défense de mes droits.
Quand j’ai reçu mon diagnostic, je savais que je ne serais pas seule dans mon parcours. Je collabore étroitement avec les anciens et ma communauté autochtone. Je participe aux cérémonies. Ces pratiques, même si elles ne se retrouvent pas habituellement dans les soins du cancer, font partie intégrante de ma propre expérience. Le fait de me rendre à la tente de sudation, de me regrouper en cercle avec ma communauté et de renouer régulièrement avec ma culture ne me procure pas seulement du réconfort – ça me donne aussi une raison de vivre. Ça me donne de l’espoir. Ça m’aide à guérir.

La cérémonie de remise des diplômes aux étudiants autochtones de l’Université de Calgary
L’une des anciennes qui m’appuie est âgée de 87 ans. C’est une vraie force de la nature – sage, forte et solide. Elle me rappelle qu’on a tous un but dans la vie, que je fais partie d’un univers plus vaste, que ma voix compte et que mon histoire est puissante. C’est ce sentiment d’avoir un but qui alimente mes revendications.
On appelle souvent le cancer de l’ovaire le tueur silencieux. Les autochtones qui en sont atteintes peuvent avoir l’impression d’être encore plus invisibles parce que notre expérience a toujours été ignorée dans les recherches sur cette maladie. En ce moment, on n’a pas d’image claire de la façon dont le cancer de l’ovaire touche les femmes autochtones et les personnes de diverses identités de genre au Canada. En raison de ce manque d’information, il est plus difficile d’obtenir du financement, des ressources et du soutien adapté à notre culture. Mais il faut que de tels travaux soient effectués maintenant, et non remis à plus tard.
En tant que membre du programme des patientes partenaires en recherche de Cancer de l’ovaire Canada, je pense qu’il est important pour moi de présenter le point de vue autochtone du cancer de l’ovaire, un point de vue souvent négligé, afin d’orienter la recherche dans ce domaine. Nous avons besoin de plus de voix autochtones à la table et de plus de soins adaptés à notre culture dans les cliniques et les environnements de recherche.

Tiffany participe à la Randonnée de l’espoir avec Holly et Dawn, d’autres femmes atteintes de tumeurs de la granulosa, un type rare de cancer de l’ovaire.
L’héritage de colonialisme, qui perdure encore aujourd’hui, a suscité une profonde méfiance. On le voit dans les données et on le sent dans nos expériences vécues. De nombreuses patientes autochtones disent se sentir ignorées, pas écoutées ou jugées quand elles demandent des soins. D’autres retardent ou évitent les traitements en raison du racisme systémique ou de traumatismes passés.
Dans mon propre parcours, j’ai eu à expliquer pourquoi les cérémonies et le soutien adapté à ma culture sont importants – pas seulement d’un point de vue émotif, mais aussi pour ma santé globale. Trop souvent, le savoir autochtone est traité comme « alternatif », alors qu’il devrait être reconnu comme un élément de soins respectant la culture.
En participant à la Randonnée de l’espoir de Cancer de l’ovaire Canada, je fais entendre ma voix de manière significative. Chaque année, je marche pour souligner mon parcours et pour exiger des changements. Je revendique de façon créative. Je fabrique des boucles d’oreilles en perles pour recueillir des fonds pour la Randonnée. Je donne un nouveau sens à cet art propre à notre culture. Chaque paire témoigne de nos histoires, de notre résilience et de notre espoir de changement. Je n’attends pas que les choses changent, je suscite des changements.
L’espoir n’attend pas, il suscite des changements
En appuyant Randonnée de l’espoir de Cancer de l’ovaire Canada 2025, vous créez un avenir où il est possible de prévenir le cancer de l’ovaire, de le guérir et finalement de l’éradiquer.
Je recueille des fonds non seulement pour appuyer la recherche, mais aussi pour faire en sorte que des personnes comme moi – des femmes autochtones atteintes du cancer de l’ovaire – soient vues, soutenues et représentées. Pour moi, cette action est ancrée dans ma communauté. Je profite de la Randonnée pour échanger avec d’autres, partager mon histoire et rappeler aux gens que l’espoir est plus puissant quand il mène à l’action.
Mon identité autochtone n’est pas indépendante de mon expérience du cancer – elle est au cœur de cette expérience. Ma voix, mon nom, ma façon de guérir et de faire partie de ma communauté sont tous des éléments essentiels des soins dont j’ai besoin et des revendications que je formule.
En ce Mois de l’histoire autochtone, j’espère que d’autres personnes comprendront l’importance d’accorder une place à l’identité autochtone dans les soins du cancer – pas seulement durant le mois de juin, mais bien tous les jours. Nous avons besoin de soins qui reflètent qui nous sommes. Nous avons besoin d’être vus, entendus et compris.
Et nous avons besoin les uns des autres.

Tiffany avec l’ancienne Doreen Spence à la cérémonie de remise des diplômes aux étudiants autochtones de l’Université de Calgary.
Publié à l’occasion du Mois de l’histoire autochtone par Cancer de l’ovaire Canada. Tiffany est une porte-parole des Métis et des Cris, une collectrice de fonds et une leader communautaire du territoire du Traité no 6 de la nation métis de l’Alberta. Elle habite et travaille sur les territoires traditionnels des peuples de la région du Traité no 7 dans le sud de l’Alberta, qui comprennent la Confédération des Pieds-Noirs (qui regroupe les Premières Nations Siksika, Piikani et Kainai), ainsi que les Premières Nations Tsuut’ina et Stoney Nakoda (qui regroupe les Premières Nations Chiniki, Bearspaw et Goodstoney).