Nous avons tous entendu parler récemment de la façon dont les vaccins contribuent à nous protéger contre les effets graves de la COVID-19. Mais saviez-vous que les vaccins peuvent aussi être utilisés pour traiter des maladies? Un scientifique et son équipe travaillent au développement d’un nouveau vaccin pour traiter le cancer de l’ovaire.

Ces travaux misent sur un partenariat stratégique entre l’initiative de recherche OvCAN de Cancer de l’ovaire Canada et IRICoR, un chef de file du développement de médicaments. IRICoR verse un dollar pour chaque dollar de financement accordé par OvCAN, afin que l’investissement en recherche suscite des progrès plus importants, plus rapidement. Ce projet fait partie des trois projets qui bénéficient d’un financement conjoint.

« Un système immunitaire fort favorise un meilleur pronostic. Nous l’avons vu en étudiant des modèles scientifiques, et d’autres cancers », explique le Dr Claude Perreault, chercheur principal au laboratoire de recherche sur l’immunobiologie et professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. « Dans le cas du cancer de l’ovaire, des études ont révélé que plus il y a de cellules immunitaires dans une tumeur, meilleur est le pronostic », poursuit-il.

Dr Claude Perreault

« Ces cellules immunitaires peuvent en fait contribuer à détruire les cellules cancéreuses. La question qui m’obsède, c’est comment pouvons-nous susciter une réponse immunitaire plus forte et produire encore plus de cellules immunitaires pour arrêter cette maladie? »

Quand elles fonctionnent normalement, les cellules immunitaires réagissent aux protéines étrangères, des molécules complexes constituées d’ADN qui ne sont pas présentes à la naissance. Les études menées par le Dr Perreault visaient à découvrir les protéines étrangères qui stimulent les cellules immunitaires dans différentes tumeurs ovariennes. Son équipe a examiné attentivement des portions d’ADN ayant une fonction connue – et elle n’a rien trouvé.

« J’étais vraiment étonné. On savait que les cellules immunitaires apparaissaient dans les tumeurs parce que quelque chose les stimulait, mais on ne savait pas de quoi il s’agissait, raconte le Dr Perreault. Dans des situations comme celles-là, je me rappelle toujours des mots du grand détective Sherlock Holmes : Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité. »

Son équipe s’est donc remise au travail sur ce qui restait, soit de grandes portions d’ADN dans la tumeur, sans fonction connue. Il leur a fallu beaucoup de temps et d’analyse. Ils ont finalement trouvé un filon intéressant, un ensemble de protéines capables de déclencher une réponse immunitaire dans environ 80 pour cent des tumeurs ovariennes testées.

Cette nouvelle connaissance alimente leur travail pour développer un vaccin composé de cellules messagères, techniquement appelées « cellules dendritiques », qui interagissent avec des protéines particulières pour stimuler la production de cellules immunitaires dans les tumeurs ovariennes.

« C’est la référence standard en matière de déclenchement d’une réponse immunitaire. Nous avons rempli le vaccin de cellules dendritiques qui peuvent transmettre des signaux à plusieurs protéines différentes qui se retrouvent uniquement dans les tumeurs ovariennes. Ça nous permet d’élargir notre champ d’action pour que le vaccin soit efficace dans une grande variété de cas. Jusqu’ici, nous avons effectué nos études en utilisant des modèles scientifiques. Nous devons maintenant voir si le vaccin fonctionne sur des humains. »

Aujourd’hui, le Dr Perreault et son équipe recueillent des données pour appuyer le lancement d’un essai clinique, dans le cadre duquel des femmes atteintes du cancer de l’ovaire répondant à des critères particuliers pourront se porter volontaires pour tester le vaccin.

« Les essais cliniques sont le test ultime pour déterminer si une approche comme celle-ci pourrait être viable. Aujourd’hui, nous faisons toutes les vérifications possibles pour atteindre cette prochaine étape cruciale, ajoute le Dr Perreault. Même si nous restons prudemment optimistes, les données actuelles nous permettent de croire que ça va fonctionner et qu’on pourra proposer une nouvelle option de traitement aux femmes atteintes du cancer de l’ovaire. »

Des projets comme celui-ci peuvent être réalisés dans le cadre de l’initiative de recherche OvCAN de Cancer de l’ovaire Canada, le résultat d’efforts de revendication qui ont permis d’obtenir un investissement historique de 10 millions de dollars dans la recherche sur le cancer de l’ovaire de la part du gouvernement du Canada. Pour favoriser la poursuite de ces travaux, veuillez faire un don sur ovairecanada.org/donnez.

Les opinions exprimées dans le présent document ne représentent pas nécessairement celles de Santé Canada.