Il existe des possibilités pour prévenir le cancer de l’ovaire, en particulier pour les personnes porteuses d’une mutation génétique héréditaire associée à la maladie.
Dans le contexte du cancer, le terme « prévention » désigne les mesures prises pour réduire la probabilité de développer un cancer. Pour prévenir le cancer de l’ovaire, il faut d’abord connaître les facteurs qui peuvent augmenter le risque, et savoir comment se protéger.
Toutes les personnes qui sont nées avec des ovaires courent un certain risque de développer un cancer de l’ovaire. Cette maladie touche une Canadienne sur 75, et certaines courent un risque plus important que d’autres en fonction de leur âge, de leur origine ethnique, de leurs antécédents familiaux de certains cancers, de leurs antécédents reproductifs et de la présence de mutations génétiques particulières.
La réduction des risques de cancer de l’ovaire comprend deux volets : chirurgical et non chirurgical.
Une personne peut réduire son risque de cancer de l’ovaire en subissant une intervention chirurgicale pour retirer ses ovaires et/ou ses trompes de Fallope avant de développer un cancer de l’ovaire. Il existe deux types d’intervention chirurgicale pour réduire le risque de cancer de l’ovaire :
- Chirurgie de réduction du risque : Cette chirurgie est effectuée chez des personnes qui courent un risque accru de cancer de l’ovaire en raison d’une mutation génétique héréditaire. Elle est effectuée dans le but explicite de réduire le risque de cancer de l’ovaire et implique l’ablation des ovaires et des trompes de Fallope. On appelle cette intervention une salpingo-ovariectomie de réduction du risque.
- Chirurgie opportuniste : Cette chirurgie est effectuée chez des personnes qui courent un risque moyen de cancer de l’ovaire (toute personne née avec des ovaires). Il s’agit de « profiter de l’occasion » présentée par une intervention chirurgicale sans lien avec le cancer. Si une personne doit subir une chirurgie pelvienne sans lien avec le cancer de l’ovaire (une ligature des trompes ou une hystérectomie, par exemple), elle peut demander l’ablation de ses trompes de Fallope pour réduire son risque de cancer de l’ovaire (le type le plus courant de cancer de l’ovaire commence dans les trompes de Fallope). On appelle cette intervention une salpingectomie opportuniste.
Une personne peut réduire son risque de cancer de l’ovaire en empêchant l’ovulation*. Il existe plusieurs façons d’empêcher l’ovulation, notamment l’utilisation de la pilule contraceptive, la grossesse et l’allaitement.
* Selon l’hypothèse de l’ovulation incessante, le cancer de l’ovaire pourrait être relié au nombre de fois où une personne a ovulé au cours de sa vie. Cette théorie suggère que l’ovulation est un événement inflammatoire qui peut augmenter le risque de cancer de l’ovaire, et donc que plus une personne ovule souvent, plus son risque de cancer de l’ovaire augmente.
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Antécédents familiaux
Selon les données actuelles, environ 25 % des cas de cancer de l’ovaire sont héréditaires, ce qui signifie qu’ils se répètent dans une famille. Ce chiffre pourrait augmenter au fur et à mesure où les scientifiques en apprennent davantage sur les mutations génétiques. Si vous avez des antécédents familiaux de cancer de l’ovaire, du sein, de la prostate, du pancréas, de l’endomètre ou de cancer colorectal dans la lignée maternelle ou paternelle, il est possible qu’une mutation génétique ait été transmise de génération en génération. Certaines mutations génétiques sont plus courantes chez certains groupes ethniques, notamment chez les personnes d’origine canadienne-française, juive ashkénaze, islandaise, néerlandaise et d’Europe de l’Est.
Mutations génétiques
Les gènes contiennent les instructions nécessaires aux cellules pour se développer et fonctionner. Une mutation génétique se produit lorsqu’un gène est modifié et qu’il cesse de fonctionner comme il le devrait. Certaines mutations génétiques, comme celles des gènes BRCA, augmentent le risque de cancer de l’ovaire et d’autres maladies.
Il existe deux catégories de mutations génétiques : les mutations germinales (héréditaires) et les mutations somatiques :
Une mutation génétique héritée d’un parent biologique est appelée mutation germinale; elle se retrouve dans toutes les cellules du corps. Les mutations germinales peuvent être transmises aussi bien par la mère biologique que par le père biologique; il est donc important d’examiner les antécédents médicaux des deux lignées de votre famille. Les mutations germinales sont associées au risque de plus d’un type de cancer. Par exemple, une mutation des gènes BRCA augmente votre risque de plusieurs cancers, notamment de cancer de l’ovaire, du sein, de la prostate et du pancréas.
Une mutation génétique qui se développe pendant la vie d’une personne est appelée mutation somatique; elle se retrouve uniquement dans les cellules de la tumeur. Les mutations somatiques ne sont donc pas héréditaires. Ces types de mutations peuvent être le résultat d’une erreur dans la division d’une cellule, ou de l’exposition à certains facteurs environnementaux (par exemple, le tabagisme ou les rayons UV).
Les deux principaux syndromes héréditaires associés au cancer de l’ovaire sont le syndrome de cancer de l’ovaire et du sein héréditaire et le syndrome de Lynch.
- Ce syndrome augmente le risque de cancer du sein et de cancer de l’ovaire chez les femmes. Il est associé à des mutations germinales (héréditaires) des gènes BRCA1 et BRCA2 et représente la majorité des cas de cancer de l’ovaire héréditaires. Les gènes BRCA1 et BRCA2 sont présents chez tous les individus. On les appelle des suppresseurs de tumeurs, parce qu’ils empêchent le développement des tumeurs. Si ces gènes ne peuvent pas fonctionner normalement, notre corps est moins en mesure de nous protéger contre le développement d’un cancer. Une mutation du gène BRCA1 augmente le risque de cancer de l’ovaire chez les femmes de 39 à 50 % avant l’âge de 70 ans. Dans le cas d’une mutation du gène BRCA2, le risque est de 11 à 18 % avant l’âge de 70 ans. À titre de comparaison, une personne qui court un risque moyen de développer un cancer de l’ovaire court un risque à vie de 1,4 %. Le syndrome de cancer de l’ovaire et du sein héréditaire est le plus souvent associé au cancer de l’ovaire épithélial séreux de haut grade.
- Si vous êtes atteinte d’un cancer de l’ovaire séreux de haut grade, il est important de discuter avec votre médecin de la possibilité que vous soyez atteinte du syndrome de cancer de l’ovaire et du sein héréditaire afin d’évaluer votre risque de développer d’autres cancers. Il est important de savoir si vous êtes porteuse d’une mutation des gènes BRCA; cela peut vous aider et aider votre équipe de soins à établir votre plan de traitement, puisque certains traitements fonctionnent particulièrement bien pour les personnes porteuses d’une mutation des gènes BRCA, et certains essais cliniques sont ouverts aux personnes porteuses de mutations génétiques particulières.
- Si vous êtes atteinte du syndrome de cancer de l’ovaire et du sein héréditaire, informez les membres de votre famille biologique pour qu’ils sachent qu’ils courent également un risque. Cela leur donnera l’occasion de passer des tests génétiques et de prendre des mesures préventives.
- Le syndrome de Lynch, également connu sous le nom de cancer colorectal héréditaire sans polypose, est une maladie héréditaire qui augmente le risque de certains types de cancer à un plus jeune âge, notamment de cancer de l’ovaire, de cancer colorectal et de cancer de l’utérus. Des mutations des gènes suivants sont associées au syndrome de Lynch : MLH1, MSH2, MSH6, PMS2 et EPCAM. Les populations les plus susceptibles d’être atteintes du syndrome de Lynch comptent :
- Trois parents ou plus atteints d’un cancer lié au syndrome de Lynch, dont l’un est un parent au premier degré (père, mère, frère, sœur ou enfant) des deux autres.
- Au moins deux générations atteintes de cancer (comme un parent et un enfant).
- Un ou plusieurs cas de cancer diagnostiqués avant l’âge de 50 ans
- Le syndrome de Lynch représente un très petit pourcentage de tous les cas de cancer de l’ovaire et il est souvent associé au cancer de l’ovaire endométrioïde et au cancer de l’ovaire à cellules claires. Si vous êtes atteinte de l’un de ces types de cancer de l’ovaire, il est important de discuter avec votre médecin de la possibilité que vous soyez atteinte du syndrome de Lynch afin d’évaluer votre risque d’autres cancers, y compris le cancer colorectal et le cancer de l’utérus.
- Si vous êtes atteinte du syndrome de Lynch, informez les membres de votre famille biologique pour qu’ils sachent qu’ils courent également un risque. Cela leur donnera l’occasion de passer des tests génétiques et de prendre des mesures préventives.
Vous pourriez être porteuse d’une mutation génétique qui augmente votre risque de développer un cancer de l’ovaire, même si personne dans votre famille biologique n’a eu le cancer de l’ovaire ou un autre cancer associé à cette mutation. Vous faites peut-être partie d’une petite famille biologique qui compte peu de femmes, ou la mutation peut avoir été transmise par votre père biologique, votre grand-père biologique, etc. Certains membres de votre famille peuvent aussi être porteurs d’une mutation génétique, même s’ils n’ont pas développé de cancer. Pour le savoir hors de tout doute, demandez à votre médecin de passer des tests génétiques.
Pour trouver une clinique génétique près de chez vous, consultez https://www.cagc-accg.ca/.
Tests génétiques
La seule façon de savoir hors de tout doute si vous êtes porteuse d’une mutation génétique, c’est de passer des tests génétiques. Un test génétique fournit de l’information précieuse aux personnes atteintes du cancer de l’ovaire, puisque le fait de savoir qu’elles sont porteuses d’une mutation génétique peut les aider à prendre des décisions sur les meilleures options de traitement pour elles. Les tests génétiques peuvent également aider les membres de la famille biologique d’une personne atteinte du cancer de l’ovaire à mieux comprendre leur risque de certains cancers et les mesures qu’ils peuvent prendre pour réduire leur risque, le cas échéant.
Les tests de mutations génétiques germinales sont effectués à partir d’un échantillon de sang ou de salive. Ils recherchent des mutations dont vous pourriez avoir hérité d’un parent biologique. Les gènes examinés varient selon la province et le territoire.
Les tests génétiques peuvent avoir différents résultats, et il est important de comprendre les possibilités et d’être prête à y faire face.
- Résultat positif (peut également être désigné sous le terme « mutation pathogène ») : signifie qu’on a détecté une mutation génétique et que cette mutation est associée à un risque accru d’une maladie particulière (par exemple, le cancer de l’ovaire).
- Résultat non concluant (peut également être désigné sous le terme « mutation d’une importance incertaine ») : signifie qu’on a détecté une mutation génétique, mais que cette mutation n’a pas été associée de manière concluante à une maladie particulière. Il est important de souligner que la classification des mutations génétiques change au fil du temps, et de nombreuses mutations d’une importance incertaine sont reclassifiées comme bénignes, ce qui signifie qu’elles ne posent aucun danger. Pour l’instant, il incombe à chaque personne de contacter sa clinique génétique pour savoir si sa mutation d’une importance incertaine a été reclassifiée comme mutation pathogène ou mutation bénigne.
- Variante bénigne : signifie qu’on a détecté une mutation génétique, mais que cette mutation ne cause aucun problème.
- Négatif : signifie qu’aucune mutation génétique n’a été découverte.
La majorité des personnes atteintes du cancer de l’ovaire reçoivent un résultat négatif aux tests de mutation génétique. Ça s’explique par le fait que la majorité des cancers de l’ovaire ne sont pas associés à une mutation génétique héréditaire connue à l’heure actuelle. N’oubliez pas que cela pourrait changer au fur et à mesure où plus de personnes passent des tests génétiques et où les scientifiques améliorent leurs connaissances. C’est pourquoi nous vous invitons à communiquer avec la clinique où vous avez passé vos tests génétiques à intervalles réguliers pour demander que vos échantillons soient évalués de nouveau.
Si votre médecin vous dit que vous n’êtes pas admissible aux tests génétiques, il existe d’autres options à votre disposition, par exemple des cliniques privées qui effectuent des tests génétiques. Vous devrez alors payer pour ces tests. Il existe également un important projet de recherche en cours au Women’s College Research Institute de Toronto, en Ontario, appelé le Projet Screen. Le Projet Screen recrute des Canadiens de plus de 18 ans pour passer des tests de mutation des gènes BRCA1 et BRCA2.
Recommandations fondées sur les résultats des tests génétiques
Si vous obtenez un résultat positif au test de dépistage d’une mutation génétique qui augmente votre risque de cancer de l’ovaire, il est très important de discuter avec votre médecin des façons de réduire votre risque. Une façon de réduire votre risque de cancer de l’ovaire de manière importante est de subir une salpingo-ovariectomie de réduction du risque. Durant cette intervention, les médecins retirent les deux trompes de Fallope et les deux ovaires afin de réduire le risque qu’une personne développe un cancer de l’ovaire.
BRCA1
- Risque à vie estimé
de cancer de l’ovaire : 39 à 44 % avant l’âge de 70 ans - Âge recommandé pour subir
une salpingo-ovariectomie
de réduction du risque : 35 à 40 ans
BRCA2
- Risque à vie estimé
de cancer de l’ovaire : 11 à 18 % avant l’âge de 70 ans - Âge recommandé pour subir
une salpingo-ovariectomie
de réduction du risque : 40 à 45 ans
BRIP1
- Risque à vie estimé
de cancer de l’ovaire : Environ 6 % avant l’âge de 80 ans - Âge recommandé pour subir
une salpingo-ovariectomie
de réduction du risque : À envisager entre 45 et 50 ans
MLH1
- Risque à vie estimé
de cancer de l’ovaire : 20 % avant l’âge de 70 ans - Âge recommandé pour subir
une salpingo-ovariectomie
de réduction du risque : Recommandation personnalisée pour les personnes atteintes du syndrome de Lynch
MSH2
- Risque à vie estimé
de cancer de l’ovaire : 24 % avant l’âge de 70 ans - Âge recommandé pour subir
une salpingo-ovariectomie
de réduction du risque : Recommandation personnalisée pour les personnes atteintes du syndrome de Lynch
RAD51C
- Risque à vie estimé
de cancer de l’ovaire : 11 % avant l’âge de 80 ans - Âge recommandé pour subir
une salpingo-ovariectomie
de réduction du risque : À envisager entre 45 et 50 ans
RAD51D
- Risque à vie estimé
de cancer de l’ovaire : 13 % avant l’âge de 80 ans - Âge recommandé pour subir
une salpingo-ovariectomie
de réduction du risque : À envisager entre 45 et 50 ans
Pour en savoir plus sur les mutations génétiques et la prévention du cancer de l’ovaire, visionnez le webinaire :
Guide
Comprendre votre niveau de risque
L’activité suivante été conçu pour vous aider à avoir une conversation franche avec votre médecin de famille au sujet de votre risque de développer un cancer de l’ovaire.
Vidéo
Le pouvoir de la génétique
Ce panel porte sur l’importance de connaître vos caractéristiques génétiques, que vous soyez actuellement en traitement, préoccupée par la santé et le bien-être des membres de votre famille, ou les deux.