Les initiatives de recherche de Cancer de l’ovaire Canada adoptent une approche du laboratoire au chevet des patientes pour susciter des changements transformateurs dans le pronostic pour les personnes ayant reçu un diagnostic de cette maladie. Deux essais cliniques financés par l’organisme sont en cours. Même si leur approche et leur objet sont différents, ils visent tous les deux à explorer des traitements novateurs et des solutions faites au Canada.

La Dre Anna Tinker, oncologue médicale chez B.C. Cancer, dirige une étude nationale visant à améliorer la compréhension des biomarqueurs qui prédisent comment les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire séreux de faible degré de malignité réagiront à deux traitements utilisés couramment. Cet essai, intitulé Évaluation moléculaire de la réponse à l’inhibiteur du MEK et au récepteur d’œstrogène des carcinomes séreux de faible degré de malignité : une étude clinique translationnelle, est importante à plusieurs points de vue. Premièrement, ces cancers sont souvent diagnostiqués chez des personnes plus jeunes, et même si leur croissance est généralement lente, ils ont tendance à se propager plus tôt, et sont souvent incurables. De plus, étant donné la rareté relative du cancer de l’ovaire séreux de faible degré de malignité, une recherche approfondie portant sur cette forme de la maladie constitue un jalon marquant.

Ce projet nous offre l’occasion de comprendre quels traitements fonctionnent le mieux pour cette population de femmes, qui ont actuellement très peu d’options.


Alicia Tone, PhD, gestionnaire du projet OvCAN et conseillère scientifique chez Cancer de l’ovaire Canada.

« Cet essai clinique est très important parce qu’il vise des personnes ayant reçu un diagnostic de l’un des types les moins courants de cancer de l’ovaire, et que plusieurs d’entre elles ne réagissent pas aux traitements faisant partie de la norme de soin et ne sont pas acceptées dans les essais cliniques », explique Alicia Tone, PhD, gestionnaire du projet OvCAN et conseillère scientifique chez Cancer de l’ovaire Canada. « Ce projet nous offre l’occasion de comprendre quels traitements fonctionnent le mieux pour cette population de femmes, qui ont actuellement très peu d’options. »

Dans le cadre de l’initiative de recherche de Cancer de l’ovaire Canada, des patientes participent à l’évaluation et aux discussions et partagent leur expérience vécue pour appuyer le processus de prise de décisions en matière de financement de la recherche. « Cette étude revêt une grande importance pour toutes les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire séreux de faible degré de malignité puisque cette maladie est rare, généralement réfractaire, incurable, et provoque un taux de mortalité de 80 %, a déclaré une patiente évaluatrice. Les patientes atteintes de cancer de l’ovaire séreux de faible degré de malignité sont très désavantagées puisque peu de recherches sont effectuées sur cette maladie et qu’il existe donc moins d’options de traitement à leur disposition. Nous devons de toute urgence mieux comprendre cette maladie et faire des recherches qui mèneront à la découverte de traitements nouveaux et efficaces. »

C’est particulièrement vrai dans le cas de cette étude, qui vise à améliorer la compréhension de l’efficacité des médicaments qui ciblent les récepteurs d’œstrogène, ainsi que de ceux qui inhibent la voie de signalisation MAPK (protéine kinase activée par des agents mitogènes). La voie de signalisation MAPK est une voie de signalisation importante de la croissance et la propagation des carcinomes séreux de faible degré de malignité. Les traitements anti-œstrogènes sont couramment utilisés pour traiter le cancer du sein et le carcinome séreux de faible degré de malignité, mais on en sait très peu sur leur efficacité en tant que traitement du cancer de l’ovaire. L’inhibiteur de voie de signalisation MAPK (appelé « inhibiteur du MEK ») utilisé dans cet essai clinique a par contre démontré son efficacité chez 25 à 40 % des patientes, mais il a plusieurs effets secondaires. Dans les deux cas, un test permettant d’identifier les biomarqueurs qui prédisent si une personne atteinte d’un carcinome séreux de faible degré de malignité profitera d’un traitement particulier constitue une percée scientifique intéressante.

Le projet de la Dre Tinker vise à découvrir ces biomarqueurs par une série de tests moléculaires complexes, et les résultats auront un impact considérable sur la conception de futurs essais cliniques, ainsi que sur les traitements. « C’est une étude translationnelle très riche, a déclaré Madame Tone. Plus que toutes les autres études effectuées sur ces traitements, elle nous fournira des réponses et soulèvera des questions pour de prochaines études. »

La portée géographique de cet essai clinique est aussi digne de mention. La Dre Tinker et son collègue, le Dr Mark Carey, gynécologue oncologue chez B.C. Cancer, font appel à jusqu’à 40 personnes atteintes d’une récidive de cancer de l’ovaire séreux de faible degré de malignité à Vancouver, Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Calgary. Cela appuie les efforts infatigables de Cancer de l’ovaire Canada pour mobiliser et faire croître la communauté de scientifiques et de chercheurs dans le domaine du cancer de l’ovaire d’un bout à l’autre du pays, ainsi que pour réunir toutes les personnes ayant reçu un diagnostic, leurs familles et leurs alliés d’un océan à l’autre. On ne saurait sous-estimer l’importance et l’urgence de ces travaux. « Cela pourrait changer la vie de toutes les patientes atteintes de carcinome séreux de faible degré de malignité et surtout de celles qui ne peuvent pas être opérées ou qui ont développé une résistance à leur traitement actuel », a ajouté la patiente évaluatrice.

Cette étude a des ramifications positives qui vont au-delà des deux traitements sur lesquels elle se concentre. « Elle pourrait aussi permettre de découvrir d’autres changements moléculaires associés au carcinome séreux de faible degré de malignité que les scientifiques pourraient alors évaluer en tant que cible de traitement potentielle, ajoute Madame Tone. C’est la prochaine étape pour améliorer la médecine de précision pour les personnes atteintes de ce type de cancer de l’ovaire. »