Le cancer de l’endomètre prend naissance dans la paroi glandulaire interne de l’utérus (l’endomètre) et représente environ 95 % des cas de cancer de l’utérus. Quelque 8 600 Canadiennes ont reçu un diagnostic de cancer de l’endomètre en 20241, ce qui en fait le cancer gynécologique le plus fréquent au pays, d’après l’étude de cas de l’IHE sur le cancer de l’endomètre au Canada.

Avant d’élaborer le plan de traitement d’une patiente atteinte du cancer de l’endomètre, un·e pathologiste analyse les tissus cancéreux au microscope pour en déterminer le type, le niveau d’agressivité et la propagation à d’autres tissus. Des tests moléculaires sont également réalisés, notamment pour déceler la présence de certaines protéines ou de changements à l’ADN. Cette information aide les médecins à déterminer :

  • si une intervention chirurgicale pourrait suffire pour traiter le cancer;
  • si des traitements supplémentaires sont requis; et
  • si le cancer risque de se propager ou de réapparaître après les traitements.

Cette information a été développée en consultation avec d’éminents gynécologues oncologues canadiens et revue par Alicia Tone, Ph. D.

Le cancer de l’endomètre se propage-t-il?

la stadification

Le cancer de l’endomètre peut se propager à d’autres tissus. La stadification chirurgicale traditionnelle permet aux médecins de mesurer l’étendue de la maladie.

Elle requiert généralement le retrait de l’utérus, des trompes de Fallope et des ovaires, ainsi que l’examen des ganglions lymphatiques voisins et le prélèvement d’échantillons de tissus (biopsie). Après l’intervention chirurgicale, un·e pathologiste examine les tissus prélevés pour établir le stade du cancer, qui va du stade I (le cancer est circonscrit à l’utérus) au stade IV (le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps). Ces stades sont divisés en sous-stades, qui offrent encore plus de détails sur la propagation du cancer. Votre équipe soignante pourrait en discuter plus amplement avec vous.

Les stades du cancer de l’endomètre
  • Stade I – Le cancer est limité à l’utérus. Les sous-stades (IA, IB) décrivent la profondeur de la croissance de la tumeur dans la paroi utérine.
  • Stade II – Le cancer s’est étendu au col de l’utérus. Le cancer demeure dans l’utérus, mais s’est également propagé dans le col (la partie inférieure de l’utérus).
  • Stade III – Le cancer s’est répandu à proximité de l’utérus. Les cellules cancéreuses se sont propagées hors de l’utérus et de son col, mais restent limitées à la zone pelvienne, ou aux ganglions lymphatiques pelviens ou abdominaux. Les cellules cancéreuses pourraient avoir atteint la paroi externe de l’utérus, les ovaires, les trompes de Fallope, le vagin ou les ganglions lymphatiques voisins.
  • Stade IV – Le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps. Le cancer a atteint les organes voisins, notamment la vessie ou les intestins, ou éloignés, notamment les poumons ou le foie.

Quels sont les types de cancer de l’endomètre?

histotype, grade et sous-type moléculaire

L’histotype

L’histotype décrit le type de cancer de l’endomètre selon l’apparence de la tumeur au microscope.

  • Endométrioïde : Type de cancer de l’endomètre le plus commun (plus de 70 % des cas), l’endométrioïde peut être de grade 1, 2 ou 3.
  • Autres types : carcinome séreux, carcinome à cellules claires, carcinosarcome, carcinome indifférencié, adénocarcinome de type mésonéphroïde et carcinome de type gastrique. Ces types de cancer moins communs sont habituellement associés à un grade élevé (grade 3).
Le grade

Le grade évalue la densité des glandes de l’endomètre et indique à quel point l’apparence des cellules cancéreuses diffère de celle de cellules saines lorsqu’on les observe au microscope. Plus une cellule cancéreuse ressemble à une cellule normale, plus elle se comporte comme tel et plus sa croissance devrait être lente.

Les grades du cancer de l’endomètre

  • Grade 1 (bas grade) : Les cellules semblent relativement normales et sont légèrement entassées. Les cancers de bas grade ont tendance à évoluer lentement et risquent moins de se propager à d’autres tissus.
  • Grade 2 (grade intermédiaire) : Les cellules sont plus denses et semblent légèrement anormales, mais se comportent souvent comme des tumeurs de bas grade.
  • Grade 3 (haut grade) : Les cellules paraissent très anormales et forment des nappes denses. Ces cancers sont plus susceptibles de se propager ou de réapparaître après le traitement.
Classification moléculaire

En plus d’être classifiés par stade, par grade et par histotype, les cancers de l’endomètre peuvent également être divisés en sous-types moléculaires.

Connaître le sous-type aide les médecins à prévoir les risques de récidive (la réapparition du cancer après le traitement) et à cibler le traitement le plus efficace. Les quatre sous-types moléculaires du cancer de l’endomètre sont :

COMMENT TRAITE-T-ON LE CANCER DE L’ENDOMÈTRE?

Le traitement du cancer de l’endomètre, qui comprend généralement une intervention chirurgicale suivie de thérapies postopératoires, peut varier selon l’hôpital et l’équipe soignante.

Mais les plans de traitement globaux sont fondés sur :

  • le stade du cancer;
  • le grade du cancer;
  • l’histotype ou le sous-type moléculaire du cancer;
  • l’âge et l’état de santé générale de la patiente; et
  • les objectifs de la patiente en matière de fertilité, le cas échéant.

La chirurgie est généralement le traitement de première ligne du cancer de l’endomètre. S’y ajoutent d’autres options de traitement, notamment la radiothérapie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie, les thérapies ciblées, l’immunothérapie ou une combinaison de celles-ci, selon les caractéristiques précises du cancer et les circonstances individuelles de la patiente.

Traitement chirurgical du cancer de l’endomètre

La chirurgie est souvent la première étape du traitement de la majorité des cancers de l’endomètre. Les options chirurgicales peuvent parfois être ajustées selon l’âge, l’état de santé générale et les souhaits de la patiente :

  • Chez les patientes plus jeunes atteintes d’un précancer ou d’un cancer à un stade précoce, on peut choisir de conserver les ovaires pour prévenir une ménopause précoce. Ce choix peut cependant augmenter légèrement les chances d’une récidive.
  • Chez les femmes qui souhaitent avoir des enfants, la chirurgie peut être retardée en faveur d’autres traitements, notamment l’hormonothérapie (progestérone).
  • Si l’intervention chirurgicale est jugée dangereuse en raison d’autres problèmes de santé, des traitements tels que la radiothérapie ou l’hormonothérapie pourraient être privilégiés.

La radiothérapie est-elle utilisée pour traiter le cancer de l’endomètre?

La radiothérapie peut être utilisée comme traitement postopératoire du cancer de l’endomètre. Cette technique fait appel à une dose de radiations hautement localisée pour détruire les cellules cancéreuses et endommager leur ADN afin qu’elles ne puissent plus se diviser et se développer. Il s’agit d’une approche différente de la chimiothérapie, qui vise plutôt à détruire les cellules cancéreuses de manière généralisée, partout dans le corps.

Comment administre-t-on la radiothérapie pour traiter le cancer de l’endomètre?

La radiothérapie est administrée de deux façons principales :

  • Radiothérapie interne (curiethérapie) : Une petite quantité de matière radioactive est introduite dans le corps, près de la source du cancer.
  • Radiothérapie externe : Un appareil émet un faisceau de radiations qui vise la tumeur. Cette technique est semblable à la radiographie.

Parfois, ces deux techniques sont combinées. Dans la majorité des cas, on procède d’abord à la radiothérapie externe, puis à la curiethérapie.

Le type de radiations et les zones à traiter dépendent du stade (l’étendue de la propagation du cancer) et du grade (l’apparence des cellules cancéreuses au microscope) du cancer.

Quels sont les effets secondaires de la radiothérapie?

Les effets secondaires de la radiothérapie comprennent :

  • Fatigue
  • Légère rougeur ou sensibilité de la peau
  • Perte d’appétit
  • Perte des poils de la région pelvienne
  • Nausée et vomissements
  • Diarrhée ou constipation
  • Gaz
  • Problèmes de vessie (besoin fréquent d’uriner, inconfort, saignements)
  • Ménopause induite par le traitement
  • Irritation vaginale
  • Faible numération globulaire
  • Troubles sexuels

Ces effets secondaires s’estompent à la fin de la radiothérapie.

La chimiothérapie est-elle utilisée pour traiter le cancer de l’endomètre?

On a souvent recours à la chimiothérapie pour traiter le cancer de l’endomètre, généralement après la chirurgie, mais parfois avant celle-ci. Également appelée « traitement systémique », la chimiothérapie qualifie l’administration intraveineuse ou orale d’un médicament pour détruire les cellules cancéreuses dans l’ensemble du corps (comparativement à la radiothérapie, qui cible une région anatomique précise). Il existe plusieurs protocoles de chimiothérapie différents pour le cancer de l’endomètre.

Quand utilise-t-on la chimiothérapie pour traiter le cancer de l’endomètre?
  • La chimiothérapie est utilisée comme traitement des cancers de l’endomètre de stade avancé ou particulièrement agressifs, généralement en complément d’une intervention chirurgicale.
  • Lorsqu’elle est administrée après une opération (on parle alors de chimiothérapie adjuvante), elle vise à détruire toute trace de cellules cancéreuses restantes et est souvent combinée à la radiothérapie.
  • La chimiothérapie administrée avant une opération (appelée chimiothérapie néoadjuvante) réduit la taille de la tumeur et draine les accumulations de fluides (les ascites), ce qui facilite l’élimination du cancer pendant la chirurgie ou son traitement par radiothérapie.
Quels médicaments de chimiothérapie utilise-t-on pour traiter le cancer de l’endomètre?

On utilise normalement une combinaison de deux médicaments de chimiothérapie différents : le carboplatine et le paclitaxel, qui sont administrés par voie intraveineuse (IV) pour pouvoir circuler dans le sang.

Quels sont les autres traitements du cancer de l’endomètre?

L’hormonothérapie peut être utilisée pour traiter certains cancers de l’endomètre, notamment les carcinomes NSMP (sans profil moléculaire spécifique) et les carcinomes à récepteurs d’œstrogène positifs. L’hormone la plus fréquemment utilisée est la progestérone, qui est administrée par voie orale ou à l’aide d’un dispositif intra-utérin (DIU).

  • On a généralement recours à l’hormonothérapie dans les situations suivantes :
    • chez les patientes plus jeunes, qui souhaitent protéger leur fertilité et conserver leur utérus;
    • en présence d’un cancer à un stade avancé (stades III ou IV);
    • en présence d’une récidive; ou
    • chez les patientes atteintes d’un cancer de stade précoce qui ne peuvent subir une intervention chirurgicale pour des raisons de santé.

 

L’immunothérapie et les thérapies ciblées sont des traitements plus récents du cancer de l’endomètre. Principalement administrés par voie intraveineuse, ils se concentrent sur une caractéristique précise du cancer. La pertinence de leur utilisation dépend de la classification moléculaire du cancer.

LE CANCER DE L’ENDOMÈTRE PEUT-IL ÊTRE GUÉRI?

RÉMISSION ET RÉCIDIVE

Le cancer de l’endomètre est associé à un taux élevé de survie à cinq ans (plus de 80 %), mais le traitement initial peut mener à plusieurs résultats :

Une fois le traitement terminé, certaines patientes, craignant une récidive, éprouvent des sentiments d’insécurité, de solitude et de responsabilité accrue envers leur propre santé. Des ressources et des services de soutien sont offerts aux patientes qui vivent de telles préoccupations ou de l’anxiété.

Qu’arrive-t-il après le traitement du cancer de l’endomètre?

Les examens et les traitements de suivi varient. Les patientes rencontrent régulièrement leur médecin pour :

  • évaluer leur réaction aux traitements;
  • déceler et traiter immédiatement toute complication en lien avec le traitement; et
  • surveiller la récidive du cancer.

La fréquence des rendez-vous de suivi peut varier en fonction de la situation particulière de la patiente, mais suivra en général le modèle suivant :

  • Années 1 et 2 : tous les 3 à 5 mois
  • Années 3 à 5 : tous les 6 mois
  • Années 5 et plus : une fois par année

Qu’advient-il si le cancer de l’endomètre réapparaît?

Lorsque le cancer réapparaît après une période de rémission, c’est ce qu’on appelle une récidive.

Les patientes atteintes du cancer de l’endomètre peuvent subir une ou plusieurs récidives. Celles qui ont déjà subi une récidive peuvent considérer le cancer de l’endomètre comme une maladie chronique, qui doit être gérée.

Les options de traitement d’une récidive du cancer de l’endomètre comprennent : 
  • les agents chimiothérapeutiques;
  • d’autres médicaments, notamment l’immunothérapie;
  • une intervention chirurgicale; et
  • la radiothérapie (si le cancer est localisé).

Voici quelques éléments dont il faut tenir compte au sujet du traitement dans un cas de récidive :

  • le temps écoulé entre la fin de la première série de traitements et la récidive (également appelé survie sans progression);
  • les facteurs propres à la patiente : état de santé générale, valeurs et choix personnels;
  • les effets secondaires (p. ex., neuropathie) des agents chimiothérapeutiques;
  • l’existence d’essais cliniques pertinents; et
  • la disponibilité ou le coût des traitements offerts.
  • La chirurgie peut être une option de traitement d’une récidive du cancer de l’endomètre si la chimiothérapie est terminée depuis un bon moment et que le nouveau cancer ne touche qu’une zone circonscrite ou limitée.

SOUTIEN ET ÉDUCATION

Recevoir un diagnostic de cancer de l’endomètre ou de sarcome de l’utérus, ou faire face à une récidive représente une perturbation inattendue et accablante. Sachez que vous n’êtes pas seule. Il est tout à fait naturel d’avoir des questions et de vivre un éventail d’émotions.

Heureusement, nous comprenons parfaitement la complexité de l’expérience vécue par les femmes qui reçoivent un diagnostic et doivent composer avec la nouveauté du traitement. Si vous avez reçu un diagnostic de cancer de l’endomètre ou de sarcome de l’utérus, vous êtes la bienvenue au sein de notre communauté.

Les femmes atteintes du cancer de l’ovaire et du cancer de l’utérus vivent énormément d’expériences communes, y compris les effets secondaires physiques des traitements et les défis émotifs associés à un diagnostic de cancer. Nous pouvons apprendre les unes des autres et nous soutenir mutuellement.